Covid-19 : dans près d’un cas sur deux, le salarié est infecté au travail par une personne symptomatique

L’Institut Pasteur vient de publier de nouveaux résultats sur les modes de contamination liés à la Covid-19. Ils permettent de constater l’efficacité du télétravail, les risques attachés aux lieux clos et aux relations fréquentes avec d’autres personnes. L’étude livre aussi une typologie des métiers les plus exposés.

covidtravail

L’étude ComCor (*), menée par l’Institut Pasteur en partenariat avec la Caisse nationale d’assurance maladie, l’institut Ipsos et Santé Publique France, permet d’avoir des données sur les modes de transmission de la Covid-19. Les dernières informations ont été publiées hier ; elles constituent une analyse intermédiaire au 1er mars 2021. Elle produit des données intéressantes sur la contamination sur le lieu de travail. 

Contaminations sur le lieu de travail 

Première information qui semble aller de soi mais que l’étude rappelle : le télétravail protège puisqu’on observe : – 24 % de contaminations en cas de télétravail partiel et : – 30 % pour le télétravail total par rapport à des personnes effectuant le même travail en bureau.

Autre constat : « la relation entre diplômes et risque d’infection suit une courbe en U :  les bacheliers jusqu’à Bac + 4 sont moins à risque d’infection, comparés aux non-bacheliers et aux Bac + 5 ».

L’étude note que les catégories professionnelles les plus à risque sont, par ordre croissant de surrisque

  • les cadres de la fonction publique
  • les ingénieurs et les cadres techniques d’entreprise
  • les cadres administratifs et commerciaux d’entreprise
  • les chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus
  • les professions intermédiaires de la santé et du travail social
  • les chauffeurs

Les catégories professionnelles les moins à risque sont, par ordre décroissant de risque :

  • les employés civils et agents de service de la fonction publique 
  • les employés administratifs de l’entreprise
  • les retraités
  • les professions intermédiaires administratives de la fonction publique
  • les personnels des services directs aux particuliers
  • les policiers et militaires
  • les professeurs des écoles et instituteurs
  • les professions intermédiaires administratives et commerciales de l’entreprise 
  • les professeurs et professions scientifiques, et les agriculteurs

Les autres catégories professionnelles sont considérées comme ayant un risque « moyen » d’infection. On y trouve notamment les artisans et ouvriers artisans, les commerçants et assimilés, les professions libérales, les professions de l’information, des arts et des spectacles, techniciens, les contremaîtres et agents de maîtrise, employés de commerce, les ouvriers qualifiés de type industriel, les étudiants, les chômeurs et les inactifs.

Modes de contamination annexes au travail

Les contaminations liées au travail peuvent aussi se faire en dehors même des locaux de travail, par exemple lors de formations. Toutefois, l’étude note que les cours en salle pour la formation continue n’ont pas été associés à un surrisque d’infection.

Pas de sur-risque non plus pour les transports en commun, au contraire du covoiturage (+ 58 % de risques).

Certains travailleurs sont également amenés à se déplacer à l’étranger. Or, ces déplacements sont associés à un sur-risque d’infection (+ 53 %).

Les circonstances de la contamination

Parmi les circonstances de contamination identifiées, la source professionnelle est citée par 15 % des répondants. En plus des réunions privées, avec famille élargie et amis, le travail en bureaux partagés constitue un mode de transmission du virus clairement identifié. Les repas, aussi bien en milieu privé que professionnel, sont les circonstances les plus fréquemment rapportées à l’origine de ces transmissions.

Dans 37 % des cas pour les transmissions hors du domicile, la personne source de l’infection était symptomatique au moment du contact infectant. « C’est particulièrement vrai en milieu professionnel (46 % des cas) », note l’Institut Pasteur.

Recommandations et précautions à prendre au travail

L’étude rappelle que les catégories professionnelles exerçant en milieu clos, comme les chauffeurs, et celles associés avec de fréquents contacts avec d’autres personnes, semblent plus exposées. Elle recommande donc fortement d’aérer le lieu de travail. En effet, dans 80 % des cas, le contact à l’origine de l’infection (en dehors du domicile) a eu lieu à l’intérieur fenêtres fermées. Il est aussi conseillé de s’assurer que les contacts inter-individuels sont protégés, notamment lors des réunions physiques, en bureau partagé, et lors de la restauration. Et – bien sûr – de privilégier le télétravail lorsque cela est possible.

► A noter : l’étude met toutefois en garde. Ces résultats pourraient être remis en question par l’arrivée des variants anglais, sud-africains et brésiliens sur le territoire français.  Le variant anglais est environ 50% plus transmissible que le virus traditionnel. Les modes de transmission semblent être les mêmes, mais la contagiosité est supérieure, et la durée d’excrétion du virus chez les personnes infectées pourrait être plus longue.

(*) L’étude ComCor, qui couvre à ce jour la période du 1er octobre 2020 au 31 janvier 2021, inclut 77 208 participants avec infection aiguë par le SARS-CoV-2, hors personnels soignants (8,2% des personnes contactées par mail par la CNAM). L’étude permet de décrire les lieux et les circonstances de contamination. Elle compare également les comportements de 8 702 de ces cas avec ceux de 4 351 témoins identifiés par IPSOS et appariés sur l’âge, le sexe, le lieu, et la date.

src Florence Mehrez – Actuel CSE