Coronavirus

Déconfinement : le Premier ministre esquisse le plan du gouvernement

Lors d’un discours à l’Assemblée nationale hier, le Premier ministre a donné les grandes lignes du plan de déconfinement préparé par le gouvernement pour sortir de la situation imposée depuis le 17 mars. Au moins pour les trois prochaines semaines, le télétravail doit demeurer partout où c’est possible, a dit Edouard Philippe.

Devant seulement 75 députés présents dans l’hémicycle du fait des consignes sanitaires, le Premier ministre a exposé hier à la représentation nationale le plan envisagé par le gouvernement pour la sortie progressive du confinement imposé depuis le 17 mars, et cela à partir du 11 mai, date fixée par le président de la République. Le confinement a produit des effets pour diminuer les cas de Covid-19 (7 100 personnes en réanimation le 8 avril, 4 600 aujourd’hui), et « la décrue, régulière, est engagée' », s’est félicité le chef du gouvernement. Mais le confinement, « s’il durait trop longtemps, pourrait avoir des effets délétères » pour la Nation avec « un risque d’écroulement ».  Parce « nous allons devoir vivre avec le virus », « il faut apprendre à nous en protéger » a poursuivi Edouard Philippe.

► Des dispositions législatives sont nécessaires au plan du gouvernement, notamment pour la limitation de la circulation et l’isolement des personnes testées positives au Covid-19 ou encore pour le traitement de la traçabilité numérique des cas suspects. Ces dispositions seront présentées samedi 2 mai en conseil des ministres, avec un projet de loi repoussant au 23 juillet la fin de l’état d’urgence sanitaire, ces textes devant être soumis la semaine prochaine au Parlement. Davantage de tests et des isolements au cas par cas

Se protéger du virus passe, a indiqué le Premier ministre, par « la distanciation physique, le lavage des mains, et le port du masque dans certaines situations ». Il y en aura pour tous les Français, a promis Edouard Philippe en évoquant notamment une plateforme d’e-commerce de la Poste pour l’expédition massive de ces masques. Mais l’Etat n’exige pas un port général du masque.

D’autre part, l’Etat se dit prêt à réaliser 700 000 tests de Covid-19 par semaine à partir du 11 mai, tests qui seront entièrement pris en charge par l’assurance maladie. Un résultat positif à un test entraînera le test des personnes ayant été en contact avec le porteur du virus, afin de pouvoir isoler les personnes, qu’elles présentent ou non des symptômes de la maladie « compte-tenu des incertitudes sur la durée d’incubation ».

Ces personnes pourront s’isoler chez elle pendant 14 jours, ou dans un des hôtels réquisitionnés. Un dispositif de contrôle de ces personnes mises à l’isolement est prévu. L’identification des personnes ayant été en contact avec une personne diagnostiquée positive au Covid-19 pourrait s’effectuer, outre une enquête téléphonique par des « brigades » dans chaque département, via l’application mobile Stop Covid, mais cette application n’est actuellement pas prête, et cela ne sert à rien de prévoir un débat sur ce point à l’heure actuelle, a dit Edouard Philippe. 

Tout cela est conditionné au fait qu’il n’y ait pas davantage que 3 000 cas de nouveaux malades par semaine à partir du 11 mai, sinon le déconfinement sera repoussé, a prévenu le chef du gouvernement. Les déplacements

A partir du 11 mai, les déplacements seront de nouveau possible sans attestation, sauf pour ceux de plus de 100 kilomètres, qui devront répondre à une obligation familiale ou professionnelle « impérieuse ». Les rassemblements de plus de 10 personnes sur la voie publique resterons interdits, tout comme les salons professionnels jusqu’à septembre.

Le port du masque sera obligatoire dans les transports en commun, dans lesquels les gestes barrière devront aussi s’appliquer, ce qui signifie donc une moindre capacité, avec la neutralisation d’un siège sur deux dans le métro par exemple. La vie au travail

« Le télétravail doit être maintenu partout où c’est possible, au moins dans les trois prochaines semaines (…) afin de limiter le recours aux transports publics et les contacts », a dit le Premier ministre. Pour les salariés travaillant dans les locaux des entreprises, pour lesquels le port du masque devra être prévu si les gestes barrière sont impossibles à respecter, Edouard Philippe invite les employeurs à pratiquer « les horaires décalés » et à établir de nouveaux plans d’organisation du travail dans chaque entreprise à partir notamment des fiches conseils établis par le ministère du Travail. Soixante guide couvrant tous les secteurs devront être prêts pour le 11 mai, a demandé Edouard Philippe à Muriel Pénicaud. La reprise du travail dans les entreprises doit d’ailleurs faire l’objet d’un échange jeudi 30 avril entre le gouvernement et les partenaires sociaux. « Le dialogue social à tous les niveaux doit être mobilisé pour permettre le retour dans un cadre qui garantit évidemment la santé et la sécurité des salariés », a souligné le Premier ministre. Les territoires et les écoles

La rigueur du régime imposé à la population pourra varier d’un territoire à l’autre (département « vert » ou « rouge »), sans que l’on sache encore exactement dans quelle mesure les préfets pourront le décider. Département par département, le niveau du déconfinement dépendra de trois critères : circulation active du virus, capacités restant tendues en réanimation, système de tests et de détection des cas suspects non prêt.

Pour les écoles, la réouverture (limitée à 15 élèves par classe) sera progressive à partir du 11 mai dans les maternelles et le primaire « sur la base du volontariat ». Ce se passera à partir du 23 mai dans les collèges (le port du masque sera obligatoire pour les collégiens) mais seulement dans les départements où la circulation du virus est faible. La réouverture des lycées, d’abord professionnels, est envisagée pour juin mais sera décidée fin mai. Les commerces

Les commerces vont rouvrir le 11 mai, avec port du masque pour personnel et clients si la distanciation est impossible. Mais les préfets pourront maintenir la fermeture des centres commerciaux de plus de 40 000 m2 . Quant aux cafés et restaurants, leur éventuelle réouverture sera décidée fin mai.

Critiqué à gauche et à droite, le plan de déconfinement du gouvernement a été voté par la majorité parlementaire (368 voix pour, 100 contre).

Ce que préconisait le conseil scientifique
Rendu public samedi dernier, l’avis donné à l’exécutif sur les modalités du déconfinement par le conseil scientifique suggérait le maintien aussi fort que possible du télétravail dans les entreprises (« sur la totalité ou plus de la moitié du temps de travail »), un étalement des horaires pour éviter la concentration des voyageurs dans les transports mais il suggérait le maintien de la fermeture des crèches, écoles, collèges et lycées jusqu’en septembre.
Le conseil suggérait conditions préalables au déconfinement « un faible nombre journalier d’hospitalisations et d’admissions en réanimations pour Covid-19 », un nombre de reproduction sur le territoire devenu faible, un nombre de lits disponibles suffisant pour la prise en charge des nouveaux cas, et du matériel suffisant, qu’il s’agisse de masques ou de gels hydro-alcooliques, ainsi que l’identification et l’isolement des cas testés positifs et de leurs contacts.