Aérer, tester, vacciner : le ministère du Travail actualise le protocole sanitaire en entreprise

Le ministère du Travail a mis à jour le protocole sanitaire en entreprise. Il insiste sur l’aération des locaux de travail, incite les entreprises à mettre à disposition de leurs salariés des auto-tests et précise les règles d’absence en matière de vaccination. Le ministère publie également une fiche pour accompagner les employeurs dont les salariés ont repris le travail le 19 mai.

Le ministère du Travail a publié mardi 18 mai, en soirée, une nouvelle version du protocole sanitaire en entreprise. De nouvelles recommandations y sont ajoutées notamment en matière d’aération ou d’autotests pour les salariés. 

Aérer, tester, vacciner

Le 19 mai marque une nouvelle étape dans la gestion de la crise sanitaire avec l’ouverture des terrasses des restaurants et cafés, des salles de spectacle, des commerces non essentiels et du report du couvre-feu à 21 heures (1). Si pour l’heure, rien ne change en matière de télétravail jusqu’au 9 juin, le protocole sanitaire en entreprise prévoit de nouvelles recommandations. « La situation sanitaire rend nécessaire une vigilance constante face à un risque épidémique qui demeure élevé. Au vu des données sanitaires, une nouvelle étape peut être franchie dans la reprise des activités au 19 mai 2021 dans des conditions conciliant activité économique et protection des salariés », est-il ainsi précisé.

Certains conseils de bon sens doivent être martelés et l’aération des locaux en fait partie. Le protocole renforce ainsi la vigilance en la matière. « Il est nécessaire d’aérer les locaux par une ventilation naturelle ou mécanique en état de marche (portes et/ou fenêtres ouvertes autant que possible, idéalement en permanence si les conditions le permettent et au minimum 5 minutes toutes les heures). Lorsque cela est possible, il convient de privilégier une ventilation de la pièce par deux points distincts (porte et fenêtre par exemple) ; sinon, on s’assurera d’un apport d’air neuf adéquat par le système de ventilation fonctionnant correctement ». Le protocole rappelle que « le taux de renouvellement de l’air peut être approché facilement par la mesure de la concentration en dioxyde de carbone dans l’air ». 

En matière de tests, le protocole incite les entreprises à mettre à disposition de leurs salariés des autotests. Cela doit se faire « dans le respect des règles de volontariat et de secret médical et avec une information du salarié par un professionnel de santé conformément aux dispositions fixées par le ministère de la santé ».

Le protocole apporte également des précisions sur le temps consacré à la vaccination par les salariés.

  • si le salarié choisit de passer par son service de santé au travail, il est autorisé à s’absenter sur ses heures de travail. Aucun arrêt de travail n’est nécessaire et l’employeur ne peut en aucun cas s’opposer à son absence. Le salarié informe son employeur de son absence pour visite médicale sans avoir à en préciser le motif ;
  • s’agissant des salariés en situation d’affection de longue durée exonérante (2), ils bénéficient d’une autorisation d’absence de droit pour cette vaccination rendue nécessaire par leur état de santé.
    L’employeur ne peut s’y opposer ;
  • dans tous les autres cas, hors service de santé au travail, il n’existe pas d’autorisation d’absence de droit. Les employeurs sont toutefois incités à faciliter l’accès des salariés à la vaccination. Le salarié est invité à se rapprocher de son employeur afin de déterminer par le dialogue la meilleure manière de s’organiser.

Une reprise du « présentiel » en douceur 

Le 19 mai marque le retour au travail des salariés de secteurs professionnels qui étaient fermés depuis plusieurs mois. « L’accompagnement des salariés à ce retour est particulièrement important pour réussir dans de bonnes conditions cette réouverture. Il en est de même concernant la réappropriation des gestes professionnels parfois non pratiqués depuis de long mois », insiste le protocole. « Une attention particulière est portée sur les nouveaux arrivants et sur les jeunes travailleurs pour qu’ils s’approprient bien ces mesures de prévention ». 

Afin d’aider les employeurs à franchir cette étape, le ministère du travail publie une fiche dédiée, avec un protocole en six étapes. En effet, souligne le ministère, « si la reprise de l’activité est souhaitée par tous, le retour au travail peut être, dans certains cas, source d’appréhension : crainte de ne pas arriver à bien faire son travail, d’avoir perdu les réflexes professionnels, peur du risque de contamination sanitaire, difficultés à concilier son travail avec la scolarisation et la garde d’enfants,… ». 

Il est ainsi préconisé

1. d’associer l’encadrement, les représentants du personnel et le référent Covid sur la façon d’organiser la reprise, par exemple en installant une « cellule de reprise » chargée de définir un Plan de reprise d’activité (PRA).

2. d’organiser un point téléphonique avec chaque salarié pour échanger sur les évolutions (horaires, réaffectation des postes, adaptation de la production…) et tenir compte des situations personnelles (garde d’enfant, handicap, facteurs de comorbidité, nouveaux embauchés…). Il est recommandé de rappeler à chaque salarié qu’il peut rencontrer le médecin du travail, y compris avant la reprise.

3. d’organiser un temps d’accueil collectif des salariés dans le respect des gestes barrières afin de leur présenter les principales mesures du Plan de reprise de l’activité et les changements prévus, de leur rappeler les mesures de protection vis-à-vis du risque sanitaire et des autres risques, de partager, le cas échéant, l’expérience de ceux qui ont poursuivi l’activité pendant la période, de donner à chacun la possibilité de s’exprimer, de poser ses questions et de répondre autant que possible aux inquiétudes.

4. de réaliser une formation sur les règles de distanciation et sur l’usage des équipements de protection sanitaire (masque, blouse, gel…).

5. d’organiser des temps d’échanges réguliers avec les salariés pour rechercher des améliorations (matériel, espaces, process…). Il est conseillé de mettre en place un processus d’alerte au fil de l’eau sur les difficultés et dysfonctionnements éventuels en lien avec l’encadrement, le service RH et les représentants du personnel. 

6. de porter une attention particulière à la charge, au temps de travail et au risque de surinvestissement. Le ministère recommande aussi une vigilance particulière à l’égard de l’amplitude et des horaires de travail, des tâches supplémentaires liées au nettoyage du poste de travail par exemple, ou à la volonté de rattraper le retard accumulé. Il convient aussi  de soutenir les manageurs dans leur rôle d’écoute, de régulation de la charge de travail et des tensions (formation, temps dédié, marges de manoeuvre).

(1) Pour le détail des mesures, voir le décret publié hier au Journal officiel

(2) Une affection de longue durée exonérante est une maladie dont la gravité et/ou le caractère chronique nécessitent un traitement prolongé et une thérapeutique particulièrement coûteuse, ouvrant droit à l’exonération du ticket modérateur (sur la base du tarif de la sécurité sociale) pour les soins et traitements liés à cette pathologie. 

src Florence Mehrez pour Actuel CE